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Les photos de JR sont exposées dans des lieux public du Brésil.

Morro da Providência est un endroit dont le nom est devenu synonyme de violence à Rio de Janeiro. Mais quand cette  favela (bidonville) du centre de Rio fut présentée sur les écrans de télévision en août 2008, ce ne fut pas pour évoquer les affrontements entre narcotrafiquants et policiers dont elle est régulièrement le théâtre, mais pour présenter l’exposition artistique Women.

Pour rendre hommage à celles qui occupent un rôle essentiel dans les sociétés, mais qui sont les principales victimes des guerres, des crimes, des viols ou des fanatismes politiques et religieux, JR a habillé l’extérieur de la favela avec ses immenses photos de visages et de regards de femmes, réunissant subitement la colline et le village dans un regard féminin.

«C’est un projet fait de bric et de broc, comme la favela elle-même. On s’est adapté à l’environnement dans cet univers où les toits des maisons sont en plastique et les revolvers des enfants en acier. On s’est débrouillé malgré les rues en pentes, les maisons chancelantes, les câbles électriques imprévisibles et les échanges de tirs qui traversent parfois plusieurs maisons», dit JR.

JR partage avec Voyageurs du Monde ses portraits de femmes.JR montre que l’art peut trouver sa place partout comme ces fleurs qui émergent parfois entre des dalles de béton. «Les habitants ont kiffé le projet. Pour notre dernier jour, ils nous ont fait une petite fête de départ. Même les gros durs de la favela, avec flingues et gilet pare-balles étaient tristes de nous voir partir », raconte JR. Il faut dire qu’il arrivait à un moment particulier : quelques semaines auparavant, des policiers avaient capturé trois jeunes de Providencia et les avaient remis aux narcotrafiquants d’une autre favela qui les avaient exécutés et coupés en morceaux.

«Bien sûr, on ne va pas changer la favela. La vie va reprendre très vite comme avant, comme après un meurtre ou une descente de l’armée, mais j’espère que nous avons ouvert une nouvelle perspective. Je suis certain que de nouvelles initiatives vont naître», indique JR qui, pour se convaincre, répète des phrases entendues dans la favela. Celle d’un adolescent rencontré à son arrivée qui lui disait : « Je préfère vivre pendant un an comme un roi que pendant cent ans comme un esclave» et celle d’un autre adolescent, le jour du départ qui concluait : « Avec une balle, tu touches un homme, avec une photo, tu peux en toucher cent.»

Vie de la favele Morro da Providencia à Rio de Janeiro.                                                                                                 

Les enfants ont joué un rôle essentiel dans la réussite du projet.

Comme partout, ils sont fascinés par les images. Ils sont de parfaits modèles, toujours disposés à poser devant l’objectif, grimacer, sourire, sauter… sans limite.

JR leur apprend à utiliser son appareil photo. Il prend des photos avec un appareil numérique et il les leur montre. Il s’amuse à agrandir leurs yeux ou leur nez.

Pour faire comprendre ce qu’il voulait réaliser dans la favela, il a commencé par faire un petit projet avec les enfants. Il les a photographiés devant leur maison, sur leurs lieux de vie et de jeu, il a imprimé les clichés dans des formats à taille réelle puis les a invités à recoller leur image sur les murs de la favela. Pour cela, il a fallu apprendre aux enfants à découper les bandes de papier pour détourer les portraits, à mélanger la colle en poudre avec de l’eau, à utiliser les brosses à peinture sans se recouvrir les vêtements de colle. Ils ont tous écouté sagement et ils se sont vraiment appliqués à réaliser le travail. Évidemment, les petits artistes ont invité leurs parents voir ce qu’ils avaient fait. Partant de cette première « exposition », les habitants de la favela se sont sentis en confiance et ont compris comment JR entendait collaborer avec les femmes de la communauté.

Pour eux, JR a mis en place la Casa Amarela, un centre culturel et social au sommet de la favela. En fait, c’est un peu plus compliqué que cela…

Morro da Providência, bien qu’elle soit la plus ancienne favela de Rio, ne disposait d’aucun équipement culturel ni d’aucune structure de conseil social. Lors de son séjour en août 2008, JR avait promis de revenir au printemps suivant pour inaugurer le centre. Pour cela, il a fallu constituer une équipe sur place, acheter une maison et réaliser toutes les formalités administratives et juridiques.

Les enfants qui avaient appris à se servir d’un appareil photo en 2008 ont alors réalisé l’exposition inaugurale de la Casa Amarela. Pour cela, ils sont descendus à Copacabana. JR les avait regroupés en deux équipes de six enfants, car au-delà, ils étaient difficiles à encadrer. Les jeunes photographes devaient se présenter par leur prénom, dire qu’ils habitaient à Morro da Providência, expliquer qu’ils préparaient une exposition artistique et demander aux gens s’ils acceptaient d’être photographiés. Durant les répétitions dans la favela, tous les enfants étaient très confiants. Ils jouaient leur rôle comme au théâtre. Mais arrivés sur place, ils étaient devenus plus réservés.

Voyageurs du Monde aime le travail du photographe de JR dans les faveles pour son projet "Women are heros".Lucas, dix ans, qui avait rejoint l’équipe dès le premier jour et qui ne s’éloignait jamais de JR, était un peu intimidé et resta caché dans un arbre pendant très longtemps. Le grand et costaud Anderson, douze ans, écoutait les conseils avec le plus grand sérieux et essayait de faire un travail de qualité. De leur coté, les passants avaient peur de ces groupes d’enfants qui venaient vers eux et ils refusaient généralement de jouer le jeu. A moins qu’en réalité, ce ne soit les enfants qui avaient peur… Après s’être concertés, les gosses sont donc revenus avec une suggestion : « Il faut arrêter de dire que nous venons de Morro da Providência. Ça ne marche pas ». Tant bien que mal, JR a essayé de leur expliquer que cette difficulté était intéressante et enrichissante et qu’il ne fallait pas y renoncer. C’est finalement avec Thaïs, la petite princesse de la favela, qu’ils ont trouvé une solution. Elle se présentait en premier et impressionnait ses interlocuteurs par sa politesse, son élocution et son audace. Une fois que la personne acceptait de poser, les autres arrivaient et prenaient également une photo. De retour dans la favela, ils ont tous recollé les affiches à l’intérieur et sur les murs extérieurs de la Casa qu’ils avaient pris soin de peindre en jaune paille pour l’occasion. Normal, quand on prend possession d’un lieu, on fait des travaux. C’est l’oeil de Giorgia, la petite-fille de Rosiete, qui décorait la façade. Tout était prêt pour le vernissage au sommet de la favela. Un grand concert était organisé tandis qu’un système de rotation de minibus permettait aux cariocas de monter depuis la ville assister à l’événement.

Plusieurs mois après les regards des femmes, ceux des gosses de Morro da Providência qui présentaient leur exposition étaient fièrement tournés vers la ville.

Morro da Providencia à Rio pris par JR au coucher du soleil.

Quelques mots sur le suivi du projet.

 Depuis cette exposition la Casa Amarela continue à servir de centre culturel et à accueillir tous ceux qui désirent créer des projets artistiques pour les jeunes de Morro da Providencia.

Dans un premier temps, des avocats cariocas ont été invités pour apporter un soutien juridique à ceux qui en avaient besoin car les droits professionnels, immobiliers ou autres des habitants de la favela ne sont pas toujours respectés et ils n’ont bien souvent pas les moyens de se défendre.

Rapidement, l’activité de la Casa Amarela s’est étendue à des activités artistiques grâce à l’impulsion de JR, à l’activité de Mauricio (photographe) et Damian (musicien), et à la présence d’une permanence. Avec la pacification de la favela par les autorités qui en ont chassé le « Comando vermelho », l’activité s’est développée et les spectacles et expositions se sont multipliés. La Casa Amarela a même été reconnue par les autorités locales et a obtenu un soutien public pour assurer son développement.

Début 2011, un projet d’urbanisme menace l’escalier central de la favela qui doit être élargi. Toutes les maisons qui le longent- et la Casa Amarela en fait partie- doivent être détruites,leurs habitants relogés. L’opération est vraisemblablement nécessaire pour assurer une meilleure circulation, un certain confort et une plus grande sécurité.

C’est dans ce contexte qu’en juin 2011, la communauté de la favela organise une nouvelle exposition. Les habitants des maisons vouées à la destruction sont exposés sur leurs murs par tous les habitants, en guise de témoignage d’amitié et de solidarité.

L’aventure continue. Celle du Brésil, un pays fascinant qui entreprend des paris audacieux, celle de Morro da Providencia qui change d’horizon en étant maintenant contrôlée par les autorités et enfin, celle de la Casa Amarela qui devra sans doute se réinventer ….

JR photographie les femmes de la favele dans le cadre de son projet Women are heroes et les partage avec Voyageurs du Monde.JR expose librement dans les rues du monde entier, attirant ainsi l’attention de ceux qui habituellement  ne fréquentent pas les musées. En 2006, il réalise Portrait d’une génération, des portraits de jeunes de banlieue qu’il expose, en très grand format, dans les quartiers bourgeois de Paris. Ce projet illégal est devenu officiel lorsque la mairie de Paris a affiché des photos de JR sur ses bâtiments. En 2007, avec Marco, il réalise Face 2 Face, la plus grande expo photo illégale jamais créée : JR colle d’immenses portraits d’Israéliens et de Palestiniens face à face dans huit villes palestiniennes et israéliennes,de part et d’autre de la barrière de sécurité. En 2008, il se lance dans un long périple international pour Women, un projet dans lequel il souligne la dignité des femmes qui sont souvent les cibles de conflits, il crée également The Wrinkles of the City, un projet mettant en avant les personnes âgées des grandes villes en mutation. En 2010, son premier long-métrage, Women Are Heroes est présenté au Festival de Cannes. En 2011, il reçoit le TED Prize, suite auquel il crée Inside Out, un projet d’art global participatif qui permet à chacun de recevoir un poster géant de son propre portrait destiné à être coller dans la rue afin de partager un message – plus de 80 000 personnes venant de plus de 102 pays ont déjà participé. Comme il reste anonyme et n’explique pas ses immenses portraits grimaçants, JR laisse un espace libre pour une rencontre entre un sujet/acteur et un passant/interprète. C’est sur cela que JR travaille, poser des questions…

En savoir plus sur jr-art.net

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